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Tising/Avant-première

 

"Les Grandes Heures de l'histoire du

Massif des Vosges"

Petite chronologie très illustrée de 140 dates-clés :

Parution fin septembre 2023

 

 

L’identité du « Massif des Vosges » est très intimement liée à la géographie de cette montagne éponyme de l’Est de la France. Car, lorsque l’on parle des « Vosges », l’imaginaire évoque immédiatement pour les Alsaciens cette « barrière montagneuse » à l’ouest du Rhin, les collines et sommets qui surplombent le piémont viticole du nord au sud ! Pour les Lorrains, les Vosges sont d’abord un département du sud de l’ancien duché de Lorraine. Pour les Francs­-Comtois, ces Vosges correspondent aux ballons d’Alsace, de Servance et de Belfahy, – peut-­être au plateau des Mille ­Étangs – qu’ils dominent... Trois très anciennes provinces donc, où la signification géographique n’a pas la même acception : Les Grandes Heures du Massif des Vosges vont évoquer bien entendu le massif géographique en son entier, au cœur de trois provinces à l’histoire millénaire !


La genèse de ce livre fut posée, il y a plus de quinze ans avec Georges Bischoff, alors professeur d’histoire médiévale à l’université de Strasbourg et passionné par l’histoire du Massif des Vosges. Cette passion partagée donna lieu à la constitution d’une première liste de dates enrichie au fil des lectures et des rencontres depuis lors. Partant du postulat que le Massif des Vosges est historiquement tout sauf une barrière infranchissable, une zone étanche et culturellement fracturée, il paraissait naturel d’en reconstituer l’histoire en dates­-clés, qui ont structuré les sociétés qui s’y sont déve­loppées, tant ce pays de montagnes et de vallées y est façonné par l’homme depuis des siècles et jusqu’à aujourd’hui.

 

Avec une forme de subjectivité dans le choix des événements et des éléments patrimoniaux retenus, choix de l’historien, que certains pourront bien évidement contester...


Les différences culturelles entre les trois régions du Massif des Vosges sont donc le fruit d’une histoire longue. Le massif et ses sommets sont explorés et habités par des peuples pasteurs à partir du Néolithique (­6000/­2000 av. J.­C.), après les dernières grandes glaciations (­70000/­ 11000 av. J.­C.) sur les sommets et les vallées vosgiennes. Les traces laissées dans les idiomes linguistiques permettent d’apporter quelques éléments de compréhension du peuplement humain pour les premiers temps historiques. Que l’on soit sur le versant alsacien ou lorrain, la part de vocabulaire issu des parlers latins ou germaniques demeure très majoritaire à près de 60 % tandis que ceux d’origine celte ne représentent que 20 % des mots utilisés encore au XIXe siècle... Certains mots déterminant les usages culinaires historiques semblent toutefois stoppés net par la montagne comme la façon traditionnelle de conserver le porc une fois tué : salé sur le versant lorrain, il est fumé sur le versant alsacien... On connaît l’omniprésence du porc chez les Celtes et cette distinction faite par les ethnologues révélerait des différences sociétales fondamentales... Si la présence des Gallo-­Romains est bien réelle jusque dans les hautes vallées du massif comme dans celles de la Thur, de la Moselle ou encore au passage de l’ancien col de Saverne, le peuplement par les Francs est plus difficile à cerner en l’absence de sources écrites abondantes : rares sont les lieux dans le Massif des Vosges qui font expressément référence aux Francs, qu’il s’agisse de fortifications ou de lieux de sépultures à quelques exceptions notables. Le Mont Habend ou Saint­-Mont (Remiremont), sans cesse réoccupé comme le Hohenbourg (Mont Sainte­-Odile) font partie de ceux­-là. Car il existe de faibles traces et quelques toponymes comme le célèbre cirque du Frankenthal au pied du Hohneck, qui fut peut­-être le dernier refuge d’un groupe franc.

On se perd en conjecture...

Sur le versant lorrain, les ducs lancèrent à partir du XIe siècle la colonisation des versants des vallées à travers le déboise­ment de la strate forestière en gazons avec ces fermes si caractéristiques des paysages des Hautes­-Vosges. La tradition veut que les moines bénédictins de l’abbaye du Val Saint-­Grégoire dans la vallée de la Fecht soient les premiers, avec leurs obligés, à s’être rués à la conquête des Hautes­ Chaumes face aux hommes des Dames chanoinesses de l’abbaye Saint-­Pierre de Remiremont. Cette vision semble étayée par les noms d’origine germanique des sites de Woll (La Bresse), Hornberg (Cornimont) ou de Wackenthal (Vagney). Mais cette pénétration linguistique germanique ne se traduit pas tout le long de la Crête et de la limite actuelle entre Alsace et Lorraine. Car les limites du

Saint Empire romain germanique ne se situent pas sur les sommets vosgiens au Moyen Âge mais bien plus à l’ouest, dans le lit de la Meuse ! Dans le val d’Orbey, dans celui de Sainte­-Marie ou de Villé ou encore dans la haute vallée de la Bruche, ce sont bien au contraire les toponymes romans qui prévalent dans l’usage des noms de communes ou des patronymes... La porosité du Massif des Vosges au-­delà des limites administratives actuelles est bien une réalité très ancienne.

On s’aperçoit donc, qu’au fil des siècles, loin de constituer une limite infranchissable, les Vosges constituent au contraire une terre de passages et de brassages tant économiques que culturels. Durant les derniers siècles du Moyen Âge, après 1250, les marchands lombards se fixent dans les petites cités fortifiées avec l’ouverture de la passe du San Gottardo. Derrière eux suivent des cohortes de maçons et une main­

d’œuvre constituées de manouvriers et d’artisans qui franchissent les Alpes pour construire et reconstruire les pays dévastés plus au nord. Et ces mouvements de populations seront amplifiés par l’arrivée de nouveaux colons, souvent grâce au développement d’activités nouvelles. Ce sera le cas dans le Val d’Argent et à la Croix-­aux­-Mines à la fin du XVe et au XVIe siècle avec l’arrivée des « Tyroliens » pour l’exploitation des mines – le patois local en est le témoin –, des Suisses pour repeupler les vallées alsaciennes après la guerre de Trente Ans (1618­ 1648). Le phénomène se poursuit au XVIIIe siècle avec des bras provenant du Val d’Aoste ou des lacs d’Italie du Nord et de la vaste plaine du Pô, concourent à la reconstruction des abbayes et des églises abbatiales lorraines au XVIIIe siècle.


Et par la force, après l’annexion de 1870, des milliers de Prussiens orientaux s’installent sur le versant alsacien et en plaine d’Alsace, tandis que des Alsaciens fidèles à la France franchissent les cols et s’installent à Remiremont, à Saint-­Dié, à Raon-­l’Étape, à Épinal, à Nancy... et à Paris.
Au tournant du XXe siècle, la population du massif connaît la situation du paysan ­ouvrier qui devient progressivement plus ouvrier que paysan. Enfin, les vallées industrielles du massif sont encore une fois, terres d’immigration : des Italiens à nouveau dans les années 1880­-1920, des Polonais des années 1920­1940 aux Portugais arrivés à la reconstruction après le désastre de 1945 et jusque dans les années 1960. Pour satisfaire au besoin de main­ d’œuvre, les Nord ­Africains s’insèrent dans le tissu industriel de la sous­ traitance automobile des années 1970 et plus récemment encore l’arrivée de la communauté turque, les kebabs remplaçant peu ou prou les pizzeria... en somme. Terre de brassage pendant des siècles, le Massif des Vosges le demeure...

L’histoire des hommes et de leurs territoires dans les montagnes des Vosges se poursuit avec des enjeux environnementaux, appréhendés dès les années 1970 par les mouvements écologistes. Cette nécessaire prise en compte résulte d’une démographie locale dynamique jusque dans les années 1980, de la désindustrialisation de la décennie suivante et le développement du tourisme de masse dans les Hautes ­Vosges. La prise de conscience est bien réelle avec la création des Parcs naturels régionaux des Vosges du Nord et des Ballons des Vosges et le classement des Hautes­ Vosges dans le réseau européen Natura 2000 en zone de protection spéciale, environnée de près de 10 millions d’habitants à trois heures de route, que l’on vienne d’Allemagne, du Bénélux et bien sûr, à l’ouest, de France.

Mercredi des Cendres, 22 février 2023

 

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